Étincelles de conscience 4

Sortir de l’illusion et évoluer vers la Vérité de l’Être

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Se conformer ou rester intègre?

Tu sors de l’illusion lorsque tu retournes à l’intérieur de toi, quittant ainsi l’illusion d’un monde extérieur où tu as vécu dans un rêve que tu as pris pour la réalité.

Tu as fait quantité de choses qui n’avaient rien à voir avec ton être véritable. Maintenant que tu retournes dans ton être vrai, tout l’univers est en joie !


Quand je retourne en moi, je retrouve la légèreté de l’être, la simplicité, la joie de vivre, l’amour pour la vie. Je suis dépouillé des scénarios compliqués de mon mental-émotionnel où règnent soucis-préoccupations & Cie. À l’intérieur de moi, dans mon cœur, je peux me remettre dans le flux de la vie, dans la vague de confiance. Ce flux a sa source dans la VIE elle-même qui est en moi et partout dans l’univers, à moins que je me sois extrait de ce courant de vie en me laissant abasourdir par les grouillements des hommes gris de Matrix. 

L’âme – qui s’exprime à travers mon cœur – ne connaît que le mouvement d’évolution. Ainsi, elle me propose perpétuellement d’évoluer. Lorsque je résiste à ce mouvement naturel, cela crée de la souffrance dans ma vie. L’ego blessé, en revanche, ne cherche qu’à échapper à ce courant de vie naturel. Ce dernier se déploie tel le cours d’eau pur et pétillant d’une rivière de montagne. L’ego, à travers son outil de rabat-joie, de petit mental, propose d’enfermer cette joyeuse rivière dans la normalité d’un étang où l’eau stagne et pourrit, proposant une vie de carpe léthargique où il n’y a pas d’oxygène pour les truites arc-en-ciel.

Comment m’extirper de l’eau d’étang putréfiante de la conformité ? Certes, la transmutation du ‘mental-émotionnel’ que j’ai commencé (et que je continuerai) à évoquer est une voie pertinente.
Certaines organisations religieuses proposent « la repentance ». Mais cela présupposerait un jugement préalable suite à un soi-disant péché. Quelle culpabilité reviendrait aux jeunes truites arc-en-ciel pétillantes dont on a dévié le cours d’eau plein de vitalité vers un étang putréfiant qui les réduit à une vie de carpe ? Où serait le péché ? Il n’y en a pas ! Ni de jugement, d’ailleurs. En plus, qui prétendrait pouvoir juger cet enfant innocent d’avoir été guidé vers un monde illusoire et mensonger, et cela même s’il s’en est égaré étant devenu adulte. Une chose est certaine, c’est qu’il n’y a pas de Dieu qui assumerait ce rôle de juger, car ce dernier est pur Amour et l’Amour ne juge pas. La seule « repentance » serait alors de retourner chez soi, dans le cœur, et de quitter ainsi l’illusion du monde. 

Cette histoire me rappelle d’ailleurs un épisode de mon enfance, lorsque j’étais amené à suivre des cours de préparation à la première communion. À la fin de cette préparation, je devais entrer dans un de ces confessionnaux sombres et m’agenouiller devant une grille de tribunal de la pénitence. Avant de pouvoir entrer, je devais prier et bien préparer tous les péchés que j’avais commis afin de les présenter lors de mon passage. Plus mon tour approchait, plus je m’inquiétais, car aucun péché ne voulait se présenter à moi et je ne savais tout simplement pas quoi exposer le moment venu. En plus, – comme je l’ai déjà évoqué – enfant, je parlais innocemment avec Jésus et je n’avais jamais connu de secret face à lui : il savait tout de moi et me prenait toujours dans ses bras d’Amour inconditionnel. Mais le moment fatidique approchait à grands pas et je ne savais toujours pas quoi dire au prêtre qui se cachait de l’autre côté du confessio-pénitentiaire. Alors, j’ai eu l’idée qui saurait me délivrer ! J’allais inventer toute une série de choses que j’avais volées, un peu comme un voleur en série, à commencer par une plaque de chocolat que j’ai dérobée dans le placard de ma mère, un œuf de sucre dans le nid de Pâques de mon frère, la pomme du goûter de mon camarade d’école… J’imaginais que plus la liste serait longue, plus l’homme de l’autre côté de la grille serait content de pouvoir m’absoudre de mes nombreuses actions reprochables. Ayant toujours eu une imagination fertile, c’était tâche facile pour moi d’établir en un rien de temps une liste honorable de choses à présenter et je me levais soulagé de mon banc quand mon tour arriva. Tout fier, je présentais alors la liste de mes faux-pas à l’homme que j’apercevais vaguement dans la pénombre de l’autre côté de la grille. Une fois sorti, je devais à nouveau faire une prière. Tout à coup, j’eus l’apparition du visage de Jésus devant moi. J’aperçus son grand sourire avec sa bienveillance si familière. Il semblait me faire un grand clin d’œil, sans pour autant se laisser duper par ma supercherie.

J’ai baigné, peut-être comme toi, dans un entourage qui répétait sans cesse la pièce de théâtre intitulée « Peur et récompense ». J’expérimentais la peur d’être puni et explorais de multiples façons de déjouer la punition. Ce jeu se jouait notamment dans mon quotidien d’école. Jeune écolier, cela ne me demandait aucun effort de rafler les récompenses, j’étais très curieux et mon élan naturel d’apprendre ne semblait pas connaître de limites. En plus, face à mes deux premières maîtresses d’école, toutes les deux jeunes, douces et bienveillantes, je baignais littéralement dans un innocent état amoureux. Avec la troisième, le vent tourna brusquement. Une vieille dame hargneuse qui régnait avec une sévérité exemplaire ! Pour moi, ce fut le réveil de l’amoureux qui se prend un bon coup sur la tête et mon envie d’aller à l’école pris également un sérieux coup. Je développais presque une sorte de répugnance face à ses récompenses. Selon mes souvenirs, c’est à ce moment-là que j’ai commencé mes apprentissages autodidactes où, en quelque sorte, je m’enseignais à moi-même. Tout en suivant les apprentissages à l’école (pour lesquels je perdais de plus en plus d’intérêt, avec la conséquence naturelle que mon investissement se réduisait au strict minimum nécessaire), je suivais avec pétillance mes propres intérêts. Ainsi, par exemple, passionné de littérature, je lisais dans les grandes classes pendant les cours de littérature (en parallèle) les œuvres que j’avais choisies moi-même, tandis que le prof rabâchait les mêmes phrases moribondes depuis trente ans et pour qui la (vraie) littérature se réduisait à l’époque classique.

C’est à cette période-là que je m’aperçus que les récompenses étaient de plus en plus couplées à des contraintes et obligations et que les menaces et punitions gagnaient en ampleur. Cela me mettait davantage face à des challenges par rapport à mon intégrité. Rester intègre signifiait pour moi de remettre en question ce que la doctrine scolaire avait pour mission de nous inculquer. En plus, la vieille garde de mon école se voyait comme des pépiniéristes qui cultivent des plants d’une soi-disant future élite où seul un petit nombre devait être sélectionné pour accéder aux hauts jardins du savoir.


Au moment où tu crois savoir, le piège se referme et le mouvement d’évolution s’arrête. Lorsque tu es conscient que tu ne sais rien, tu es disposé à ce que le savoir se révèle à toi.


Plusieurs de mes camarades ont fait l’expérience comme moi que recracher ce que l’enseignant voulait entendre, était la meilleure garantie pour obtenir une bonne note comme récompense. Rares étaient les profs qui s’intéressaient véritablement à comment nous avions intégrés les enseignements ou à nos processus d’apprentissage, à nos façons de comprendre les sujets appris ou tout simplement combien nos talents et qualités étaient en voie d’accomplissement. J’en étais conscient et m’en serais complètement fiché si certains profs n’avaient pas utilisé leur récompense arbitraire comme outil de pouvoir. Ainsi, dans le cours de littérature évoqué plus haut, lorsque j’écrivais sagement les analyses et interprétations que le professeur nous avait dictées et qui, elles seules, nous procuraient l’accès au sanctuaire de la haute littérature, j’étais récompensé par une bonne note. Quand j’exprimais ma façon de comprendre une œuvre ou un extrait de texte ou une certaine thématique, la sanction en forme de note insuffisante ne se faisait pas attendre. Dans la première version, je me soumettais et trahissais mon intégrité, dans le deuxième cas, je restais intègre, mais risquais de mettre en péril mon cursus, d’autant plus que ce n’était pas le seul cours avec ce type de fonctionnement. Lors de l’examen final, se présenta pour moi une magnifique occasion de choisir. La thématique de la dissertation se basait sur une citation d’un auteur contemporain avec une orientation politique très critique et prononcée. Je savais pertinemment que les deux profs qui allaient évaluer mon texte (dont l’un était actif dans la vie politique) étaient d’une orientation parfaitement opposée aux propos de l’auteur. Se posait pour moi la question : me soumettre à ce qu’ils voulaient entendre ou rester souverain et fidèle à moi ? Une camarade m’a fait la remarque après coup : « T’es con, il fallait juste les badigeonner avec le baume qui leur faisait plaisir. C’était pas le moment de faire ton rebelle ! »

Courage et confiance


Le jeune enfant vit naturellement dans la confiance. Adulte, je me suis questionné : comment était-ce possible que l’enfant en passant par l’adolescence et l’âge du jeune adulte perde progressivement la confiance ? En plus, à la place, un des pires poisons, le doute, se mettait à léser gravement la confiance et à avorter de nombreux projets de création dans la vie des adultes.


Comment veux-tu avoir confiance en toi, si ce toi n’est qu’une construction extérieure fantasmagorique. Tu ne peux avoir confiance, tu ne peux être en confiance avec la VIE universelle qu’en étant pleinement dans le courant de la VIE qui te traverse quand tu es en parfaite union avec tout ce qui est. 


J’ai pu observer qu’il y avait principalement deux facteurs qui brisent la nuque de la confiance. Le premier coup est donné par un acte de violence physique ou verbale (psychologique). Souvent, le tout jeune enfant – jusqu’à trois, quatre ou cinq ans – bénéficie encore d’un certain ménagement. Ensuite, en fonction de son environnement, l’enfant a de plus en plus droit à des actes de violence physique ou verbale dont les conséquences se gravent notamment dans sa confiance (en la vie) qui se brise soit brusquement, soit peu à peu. S’ajoute à ce phénomène que l’enfant reçoit dans sa famille et à l’école en moyenne cinq fois plus de remarques négatives que positives. Combien de fois on lui dit ce qu’il « ne fait pas bien » plutôt que ce qu’il fait « bien ». C’est dans ces phases-là où l’enfant, amené de plus en plus à l’extérieur de lui-même, construit son image de soi. Il n’est pas rare qu’à l’âge adulte une personne connaisse ses « défauts » du bout des doigts alors que l’accès aux qualités qui l’habitent semble bien voilé. 


La confiance te mène à l’intérieur de toi, au cœur de ton être. Elle dissout l’image extérieure de toi qui ne peut qu’être illusoire, car construite à partir des remarques venant de l’extérieur.
Renforcer la confiance signifie se vivre et se ressentir à l’intérieur de soi et laisser la vie s’exprimer à partir de là. 

Le doute, en revanche, possède la caractéristique d’empoisonner ta créativité et de compromettre tes élans et tes projets. 


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Étincelles de conscience 1-3

Sortir de l’illusion et évoluer vers la Vérité de l’Être

Avant-propos

J’entame ici l’expérimentation d’un projet d’une série de textes qui se créent au fur et à mesure et que je partagerai dans ce processus de création. Au départ, il n’y a pas de plan issu du mental, mais une intention que j’évoquerai dans l’introduction. Découvrir le texte en écrivant est ma façon de créer. J’ignore où cela mène… dans l’inconnu qui est connu mais que mon mental ignore.

J’ai l’intention d’offrir ces textes au fil de la création, dans un rythme imprévu, comme lors d’un voyage où nous nous laissons guider par nos intuitions et inspirations sans savoir au préalable où cela nous mène, avec seulement une intention de départ claire.

Voici mon invitation! Cela t’inspire? Alors, partons ensemble à la découverte!

Introduction

Je suis en chemin comme toi. J’ai parcouru les méandres d’un monde dans lequel règne la souffrance et le mensonge. Cette souffrance et l’appel d’un monde meilleur m’ont réveillé, un jour, et m’ont sorti de mon état de somnambule dans lequel j’ai sombré inconsciemment. Depuis, j’avance sur le sentier de l’éveil, comme toi qui lis ces lignes, et j’ai l’élan humble de partager avec toi quelques vécus de mon parcours qui se révèle à moi progressivement.

Tel mon être, mon chemin est unique, donc hors des sentiers battus.

Je partage en conscience que je ne sais rien car tout est su et que la vérité qui se révèle à moi n’est que partielle. Je passe de l’illusion sombre, à travers des illusions plus éclairées, à des états de conscience et de présence à la vie de plus en plus lumineux et véritables.

Puisque tous les chemins sont uniques, à quoi bon vouloir se référer à une norme extérieure, se comparer à d’autres?

Dans l’éveil, la norme disparaît et je suis prêt à retourner dans ma vraie nature, prêt à redevenir naturel. Plus je deviens naturel moins je suis normal, cela va de soi!

Le retour à soi est tel un voyage où je découvre et j’explore mon Être, ma Vie. Après une longue errance, je retourne à la maison. Je célèbre les retrouvailles dans la joie de me reconnaître.

Certes mon sentier du retour est différent des autres, mais tous les chemins mènent au Cœur.

Si je partage avec toi quelques éléments de mon chemin, c’est dans l’espoir que cela stimule ton propre cheminement et inspire tes vécus. Ce n’est aucunement dans l’idée d’adopter mes “vérités” ou d’imiter mes expériences.

Le sentier se révèle à moi une fois que j’ai choisi d’entamer le chemin du retour. En cheminant, je deviens le chemin.

J’accepte que mon mental ignore le chemin et l’essence de mon existence. J’accueille les inspirations, intuitions, sensations, visions ou rêves éveillés que le Cœur me souffle.

En cheminant, j’évolue vers Qui Je Suis. Le but c’est l’évolution. Le mental veut atteindre le but, le Cœur sait que le but est le cheminement lui-même.

Notre expérience en tant qu’être humain est de sortir de l’illusion de la réalité, appelée aussi la matrice humaine, qui lors de notre éveil se révèle comme une prison pour notre être véritable.

Quitter la prison à laquelle je me suis conformé est un acte de courage. Ne pas céder à la tentation de rester dans la cage dorée de ma zone de confort demande un effort de volonté et un engagement ferme.

Dépasser la peur de sauter du plongeoir pour plonger dans les profondeurs de la Vie, demande de reconnaître l’inconnu comme notre réalité naturelle et d’être conscient que le domaine du connu n’est que constitué de schémas et d’automatismes issus de ma matrice illusoire tant au niveau de mon propre inconscient que de l’inconscient collectif.

Rester dans mes illusions revient à signer ma condamnation à mort au lieu de renaître à la VIE qui ne connaît pas de mort.

“Je suis libre de choisir”, n’est pas qu’un dicton! Si je ne choisis pas la Vie, la mort s’empare de moi lentement mais sûrement.

Mon chemin débute en me dépouillant de tous les faux habits, de tous les mensonges sur lesquels je me suis bâti une identité erronée. J’enlève les couches de faux habits et plus j’en enlève, plus j’en découvre d’autres. Ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu. Je me dénude progressivement pour laisser émerger et rayonner mon être authentique et laisser mourir le monde illusoire de ma personne-alité somnambule qui s’est construite à partir des blessures de l’ego et des conditionnements du monde de la normalité.

Parallèlement, je connecte, deviens, déploie et suis l’Être de Cœur avec ses vraies qualités, ses talents et capacités en évoluant vers la vérité et la liberté d’être Qui Je Suis. À partir de cette éternelle identité, je crée ma vie.

Prêt à partir pour ce voyage? Voyageons individuellement et ensemble, dans l’entraide, en tant que frères et sœurs!

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1

Lorsque mes parents m’ont accueilli, ils m’ont nommé Ananda, sans vraiment connaître la signification de ce nom. Ma mère m’a expliqué un jour qu’à vingt ans, elle avait fait son premier voyage qui l’avait amené en Inde et au Népal. C’est là qu’elle avait entendu ce nom pour la première fois et elle avait bien aimé sa sonorité. Lorsqu’elle était enceinte de moi, ce nom lui était revenu à l’esprit à plusieurs reprises sans qu’elle puisse s’expliquer ce phénomène, alors qu’elle n’y avait plus accordé d’importance.

Jeune adulte, j’ai fait quelques recherches et appris que ce nom signifiait en sanskrit ‘béatitude’. Bien plus tard, je compris que ma mère avait inconsciemment entendu la note de mon être ainsi que l’état d’être essentiel à accomplir dans ma vie. C’était en quelque sorte la note sur laquelle mon instrument était invité à résonner et, à partir de là, à jouer la musique de ma vie. Se révélait alors progressivement à moi combien ce son aimait s’exprimer par le verbe : l’instrument qui me procurait ainsi beaucoup de joie était la plume ou la parole prononcée oralement, bien que j’aie expérimenté de nombreux autres instruments dans ma vie.

Reconnais-toi toi-même!


Ce n’est pas un simple adage, c’est la (seule) voie pour sortir de l’illusion et c’est la raison pour laquelle des grands êtres tels Bouddha, Jésus ou Socrate ont tous exprimé cette affirmation.

Lorsque j’entame la voie de sortie, abandonner les scénarios fictifs que je me suis créés dans ma vie en est une des premières conséquence.

Une sincérité infaillible est un préalable pour me mettre en chemin. Faire le premier pas demande du courage, car je suis amené à quitter le monde que je me suis bâti et à travers lequel je me suis attribué de la (fausse) valeur. Beaucoup de gens s’arrêtent là, car cela met face à la vérité qui ne se laisse pas tromper par les réalités chimériques. Plus j’ai célébré des réussites grâce auxquelles le monde a flatté mon ego, plus la résistance à aller vers la vérité de mon Soi s’avère grande, et cela d’autant plus lorsque ces adulations m’ont procuré des privilèges. Peut-être me suis-je même attaché à ces privilèges ou m’en suis-je enorgueilli. Quelle ruse habile pour me garder prisonnier dans ce monde illusoire ! Quel appât merveilleux pour un petit ego en manque de confiance ! Mais quel grand danger pour ce même ego infatué d’être brutalement dégonflé par la vérité qui démasque !

Le discernement est l’outil indispensable qui me permet de faire le tri entre le vrai et le faux.

J’entends la voix de mon Cœur qui affirme : abandonne tous les scénarios fictifs et aie le courage de te reconnaître toi-même !

La reconnaissance de soi nécessite un esprit clair. Tant que mon mental est rempli de (fausses) connaissances, je ne pourrai jamais (me) re-connaître. L’esprit du cœur n’a pas besoin de connaissances, il sait.

J’enlève les voiles des illusions que je me suis moi-même créées dans le monde extérieur. Je commence par reconnaître ce que je ne suis pas.

Afin de tirer un trait sur tout ce que j’ai adopté dans le monde extérieur, je me déleste des jugements des autres, des comparaisons avec d’autres, des normes que l’on m’a inculquées, de toutes les références extérieures, de tous les conseils -même de ceux qui étaient bien intentionnés-, de toutes les pensées et croyances qui me limitent, de toutes les émotions qui me nuisent, bref, de tout ce que je ne suis pas !

Tel un détective, ma conscience scrute le monde de ma personnalité qui est un amas de leurres bâtis sur les fondements du mensonge. Elle examine à la loupe toutes les fictions de moi et il y en a tellement que je pourrai écrire des volumes. Je t’en épargne et ne sélectionnerai que certaines cerises sur le gâteau de l’illusion de la réalité.

Pourquoi se reconnaître passe aussi par la (re)connaissance de l’illusion ?
Comment veux-tu connaître le jour sans connaître la nuit ? N’est-ce pas au crépuscule que tu prends véritablement conscience du jour ? Comment veux-tu te repérer sur ton chemin si tu ne te rends pas compte quand tu fais fausse route, puisque l’illusion t’a fait croire en une fausse réalité ? Combien de fausses pistes as-tu suivies par ignorance ?

Je partagerai ici avec toi quelques ingrédients de la recette du mensonge.

La victime qui se la joue

J’ai bien exploré ce jeu dans toutes ses gammes, comme toi.

Ainsi, j’ai cru subir, par exemple, l’injustice d’autrui. La cause de mes malheurs provenait de mes parents, de la société, des abus de pouvoir… C’était toujours les autres et surtout pas moi. Ainsi, adolescent et jeune adulte, je pouvais lutter contre les méchants et monter aux barricades équipé de mon arme la plus redoutable, ma plume trempée dans l’encre venimeuse ou ma langue de vipère pour donner voix au rebelle que j’avais inconsciemment choisi de jouer.

Certes, l’enfant aux boucles blondes et au visage qui rayonne l’innocence ne pouvait comprendre ce monde cruel et violent qui l’entourait : il se sentait tel un étranger ayant atterri à la mauvaise destination. Il ne comprenait pas et n’était pas compris. S’il n’y avait pas eu cette petite voix douce de Jésus en son cœur avec qui il parlait dans son innocence enfantine, il aurait pu périr de désespoir dans ce monde insensible et dur. Certes, cet enfant pur a pu explorer des blessures traumatisantes comme grand nombre d’enfants catapultés dans cette réalité hostile.

Adulte, j’ai pu m’identifier à ces blessures infligées et développer une identité construite à partir des blessures. J’ai pu explorer les nombreux jeux de la personnalité, tel celui qui est victime de ses blessures et qui en souffre. De plus, j’ai pu expérimenter me soumettre aux règles et normes imposées -aussi inhumaines qu’elles soient- ou à m’en révolter. J’ai souvent choisi le rôle du rebelle plutôt que celui de l’enfant sage, soumis de façon exemplaire. Cela m’a servi de protection contre les tentacules de la pieuvre qui engloutit les cœurs innocents des enfants par ses normes sociétales. Je ressentais intuitivement que la voix douce dans mon cœur était plus vraie que les voix extérieures qui me remettaient sans cesse à l’ordre en me disant ce que je n’avais pas le droit de faire ou de dire, étouffant peu à peu les élans et les créativités naturelles de l’enfant.

Au moment même où je me reconnais, la transmutation s’opère. La transmutation est la force de propulsion pour passer de l’illusion à la vérité. C’est l’alchimie de la vie qui purifie mon habit souillé afin que je puisse reprendre l’habit blanc, pur et innocent.

La victime joue le jeu du drame dans ses diverses facettes en alternant avec le sauveur et l’agresseur. Ces derniers ne sont que d’autres variantes de la victime. Je transmute la victime en me reconnaissant en tant qu’être responsable et créateur de toutes mes réalités. En reprenant la place de créateur responsable, je retrouve ma force et ma grandeur. Je peux donc passer de l’état d’impuissance de la victime qui se croit petite à la puissance et à la grandeur de l’être que Je Suis.

Ce fut un choc terrifiant pour la petitesse de l’ego (s’étant construit une identité en s’exerçant quotidiennement à jouer la riche gamme de manques et de désirs futiles), de se reconnaître dans la grandeur du ‘divin créateur’. Oui, j’ai mis intentionnellement ce mot entre guillemets pour ne pas (te) faire trop peur et pour réduire ainsi momentanément sa puissance, laissant à chacun le temps nécessaire d’accueillir sa véritable puissance créatrice.

Moi aussi, j’ai eu initialement de sérieuses résistances à avaler la pilule que je suis seul créateur de mes réalités. Cela m’empêchait de projeter la faute sur les autres et mettait brutalement fin à toutes mes excuses, aux accusations et, pas moins, à ma lutte contre les moulins à vent d’une société fantasmagorique. Quelle libération ouvrant la porte à la paix intérieure !

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2

Le mental, un faux roi

Sois vigilant à ce que ton monde et celui que Tu Es soient identiques ! Transmuter le mental qui sépare et divise tout afin de le mettre au service de la conscience d’unité, est un pas décisif pour quitter l’illusion.


Je suis conscient que mes pensées créent mes réalités, car, selon la loi, l’énergie suit la pensée. Dans mon état de somnambule, la majorité de mes pensées n’avaient pas leur origine en moi. Elles avaient été minutieusement implantées dans mon mental inconscient durant ma tendre enfance par mon entourage. Les parents, la famille, les enseignants et la majorité des gens qui m’entouraient ne faisaient qu’exprimer les normes sociétales, culturelles ou religieuses qui leur avaient été inculquées à leur tour. En tant qu’enfant inconscient et insouciant, j’ai sagement intégré ces conditionnements venant de l’extérieur. Peut-être comme toi, ai-je inconsciemment adopté grand nombre des croyances sur lesquelles le (faux) monde était basé. Je l’ai fait par amour – ou devrais-je dire par espoir d’être aimé ? – alors que le cœur d’enfant ressentait intuitivement la violence qui lui était infligée et en souffrait silencieusement. Rien de grave ! Cela m’a permis, dans un premier temps, de développer la conscience de la dualité entre la vie du monde extérieur et la vie intérieure de mon cœur.

L’adolescent à la langue qui mordait les adultes ne faisait que protéger la douceur et l’amour de Marie et Jésus qui berçaient l’enfant innocent, tellement en contradiction avec le monde extérieur. Tous ces adultes ont fait de leur mieux et je leur ai pardonné, même les profs à qui le rebelle n’a pas toujours rendu la vie facile.

Déjà adolescent, j’ai compris que le mental occupait une place prépondérante dans ce monde et que le savoir servait d’outil de pouvoir sur les gens qui somnolaient dans l’ignorance. Doté d’un élan naturel pour comprendre la vie et ayant évolué dans un contexte où les mots ‘culture, savant ou lettré’ ne faisaient pas partie du vocabulaire, j’ai choisi, avec beaucoup de volonté, de me cultiver moi-même. Non pas pour utiliser le savoir comme outil de pouvoir, mais pour me libérer du pouvoir du savoir sur l’ignorance et aider autrui à faire de même. C’est alors qu’est né le chercheur de vérité. Jeune adulte, j’étais forcé de constater que ce type de recherche ne se pratiquait point dans les facultés et que savoir et vérité ne rimaient que rarement dans les (faux) temples du savoir.

La vérité rend libre, le mensonge emprisonne!

Le mental au service de l’ego a régné (trop) longtemps dans le monde et a fait beaucoup de dégâts. Ce n’est qu’une simple constatation à laquelle je m’évertue à ne plus accorder aucune émotion.

Transmuter le mental au service de l’ego (qui œuvre dans une conscience séparée en divisant les choses), en l’esprit du cœur où tout est interconnecté dans une conscience d’unité, fait émerger une compréhension de la vie dans laquelle respirent la clarté et l’Intelligence. Le soleil de l’esprit clair dissout le brouillard de l’amalgame ‘mental-émotions dramatique’ qui sème la confusion.

Je suis conscient que mon mental a été gavé d’innombrables concepts erronés tellement ancrés en moi que cela demande une volonté puissante pour m’en désidentifier complètement. Ce n’est pas avec ma petite volonté personnelle que je réussis une pareille tâche. Je ne peux trouver une solution là où se trouve le problème, à savoir dans l’ego. Cela m’amène à faire appel à la seule force capable de relever ce défi : la volonté universelle qui vibre dans mon cœur et qui œuvre à travers mon être.

Transmuter la dualité est un aspect fondamental du mode d’emploi pour se défaire de l’illusion. Le monde de la dualité est un monde empli de contradictions. La dualité s’exprime dans le concept du : « C’est l’un ou l’autre ». Il y a toujours quelque chose qui exclut autre chose. Innombrables sont les exemples dans l’histoire de ce monde. C’est le matriarcat ou le patriarcat, la gauche ou la droite, l’intérieur ou l’extérieur, l’homme ou la femme, les riches ou les pauvres, le bien ou le mal… Chaque dualité génère un conflit, car si l’un exclut l’autre, il y a un gagnant et un perdant. Une vision du monde basée sur la dualité ne peut donc que générer une vie pleine de conflits et de tensions. Cela explique pourquoi dans ce monde tensions et conflits sont omniprésents et pourquoi les relations justes et les répartitions équitables sont unanimement absentes. 

Ma voix du cœur chuchote dans le silence : la sagesse t’indique le chemin et la compréhension te permet de le suivre. Seul l’esprit du cœur comprend, alors que le mental (intellectuel) ne connaît que confusion.

La contradiction est une conséquence inéluctable de l’esprit de dualité. En tant qu’enfant, le monde extérieur m’a empêtré dans d’innombrables contradictions, brouillant ainsi l’intuition pure qui me guidait naturellement. Aime ton prochain, disaient mes parents tout en m’éduquant vers l’esprit de compétition qui régnait dans la société où il fallait être meilleur, plus fort, plus malin, plus plus plus que l’autre sinon résolument écraser autrui sur son parcours si son propre succès le demandait. On me disait qu’il était important d’être honnête tout en m’apprenant qu’il fallait faire de bonnes affaires. Mais comment pouvais-je faire une bonne affaire où il y avait un gagnant et un perdant tout en étant honnête ? Quelle contradiction sans issue !

Les deux parties d’une dualité s’excluent mutuellement ! N’est-ce pas ce qu’exprime la fameuse sentence d’un certain sage : Il est impossible de monter deux chevaux en même temps… Tu ne peux servir deux maîtres… ?

Mon cœur d’enfant a choisi intuitivement une des deux parties de la dualité, ce qui m’a momentanément mis hors d’atteinte d’une normalité basée sur la dualité et la contradiction qui, lentement mais sûrement, rend fou. Plus tard, lorsque j’étudiais les stratégies de manipulation ou apprenais les techniques de l’hypnose thérapeutique, je me suis rendu compte qu’on utilisait une double injonction (deux affirmations contradictoires) pour mettre hors service le raisonnement et le discernement.

La mayonnaise faite à base de l’esprit de compétition ne voulait pas prendre en moi et j’étais un véritable cancre dans ce genre d’école de vie. Ce qui ne veut pas dire que j’étais à l’abri de me faire piéger.

La dualité et la contradiction génèrent un monde de conflits, de tensions et de violences dans lequel le théâtre de la vie se joue dans un brouillard épais d’émotions dramatiques et d’esprit confus où les répliques de la joie, de l’amour et de la vérité font défaut.

Ayant (momentanément) choisi la première partie de la contradiction évoquée plus haut, cela m’a fait sentir tel un étranger dans ce monde. Je me suis souvent senti seul. J’ai fait l’expérience que je ne pouvais pas choisir les deux parties d’une dualité en même temps, sans rester bloqué dans une impasse. On m’avait donc proposé de faire des compromis. Sauf que ces derniers m’emprisonnaient littéralement entre les deux composants de contradiction simultanée du schéma ‘gagnant-perdant’, ce qui constitue un levier considérable pour une frustration grandissante et culmine soit dans une résignation où l’on se laisse (inconsciemment et lentement) mourir, soit dans une explosion (de colère) pour tenter d’échapper à la prison de l’impossible. Combien d’humains sont ainsi coincés comme des rats dans la boîte de Skinner ?

Combien de fois as-tu choisi le compromis par facilité ? En vérité, tu as ainsi invité dans ta vie le conflit et les tensions issues des opposés de la contradiction.

La vie de l’ego est conditionnée par une compréhension du monde basée sur la dualité, ainsi que les contradictions et les compromis qui constituent les fondations du monde de l’impossible, donc de l’illusion.

Or, tout cela a dirigé le projecteur de ma conscience sur la dualité fondamentale dans ma vie : une existence dans l’amour du cœur ou dans la peur de l’ego. La première mène à la vie. La deuxième me maintient dans la survie et mène inéluctablement à la mort. J’ai commencé par comprendre que c’était le choix le plus fondamental dans ma vie.

Tu ne peux choisir entre deux opposés (d’une dualité) sans perdre ta liberté, car la liberté est au-delà des contraires et ne se révèle que lorsque tu auras abandonné toute contradiction dans ton esprit.

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Au-delà de la dualité : l’unité

Une issue s’est alors présentée. J’ai peu à peu quitté la conception d’un monde de dualité pour passer à une compréhension d’un monde de polarité. Dans la dualité, les opposés s’excluent mutuellement; dans la polarité, ils se complètent et trouvent leur unisson. La polarité s’exprime ainsi : « C’est l’un et l’autre ». Le principe de polarité s’inscrit dans la grande `Loi des polarités` universelle, alors que la dualité est hors la loi et relève du jugement arbitraire de l’ego! 

Cela m’a permis de sortir de l’impasse et une nouvelle impulsion majeure a été donnée au mouvement fondamental de la vie, qui est l’évolution. Prenons l’exemple de la « première » polarité de la vie : ‘masculin-féminin’. Tant que ce principe de vie est emprisonné dans la (fausse) conception de la dualité, cela crée d’énormes souffrances dans la vie des hommes et des femmes. Il s’agit là du plus grand conflit dans le monde illusoire qui a régné pendant des millénaires :  il crée des dégâts considérables entre femmes et hommes et en chacun et chacune de nous.

Une polarité est composée de deux aspects opposés de la même chose. Ainsi par exemple, la femme et l’homme constituent-ils les deux aspects (de la polarité) de l’être humain. Étant donné que les deux aspects sont complémentaires, un mouvement créateur peut s’installer entre les deux : le mouvement d’union. Les conséquences bénéfiques de ce changement de paradigme pour l’humanité peuvent à peine être saisies encore actuellement. 


La dualité sépare, la polarité unit. La polarité permet l’équilibre, la dualité ne génère que la discorde.


Ainsi, la vie (des formes) se manifeste toujours à travers les polarités : jour et nuit, lumière et ombre, chaud et froid, inspiration et expiration, cause et effet, esprit et matière… Les exemples sont infinis. Cela nous offre donc une vision holistique de la vie et nous amène à l’alchimie. Je peux alors commencer à utiliser la force créatrice de l’alchimie: transmuter l’ombre en lumière, le mensonge en vérité, la peur en amour, le doute en confiance… J’entre alors dans des sphères de réalités où tout se révèle possible. 


La voie de l’ego t’amène dans le cimetière de l’impossible, la voie du cœur te guide vers les jardins fleuris de tous les possibles.

Comment pratiquer la transmutation ? Prenons un exemple : à plusieurs reprises, j’ai eu la chance d’expérimenter la peur de manquer d’argent – il va sans dire, qu’il s’agit d’une fausse information dans la matrice. Le premier pas consiste à accueillir la peur en toute franchise et sans jugement ni interprétation. Je me pose dans le silence de mon être intérieur. Assis, les paumes de mes mains vers le haut, j’accueille dans ma main gauche la peur en regardant toutes ses facettes en face. Je l’accueille avec amour et gratitude, conscient qu’elle ne représente qu’une invitation à faire évoluer cette partie (extérieure) de moi. Avec mes yeux intérieurs (du cœur), je scrute la peur avec un regard lucide et bienveillant. Peut-être puis-je identifier une cause dans les mémoires de mon existence. Ces causes peuvent également se révéler multiples. Dans mon cas, cela commence par la transmission transgénérationnelle de mon père que j’ai adoptée gracieusement. Vient ensuite l’information transmise généreusement par l’inconscient collectif. Enfin, celle des fragments de mémoires : le premier, je le nommerai « l’ermite monastique » qui est capable de vivre avec moins que rien, carrément libre du monde matériel et armé du jugement dédaigneux que l’argent est sale, faisant la fine bouche à tout pécule ! Au deuxième, je pourrais coller l’étiquette de « l’anarchiste » fervent adepte de la liberté de pensée et affranchi de tout conditionnement par les normes sociétales limitantes, qui snobe la fausse abondance des richesses au service du pouvoir. Quelle grimace colorée d’une simple peur !
En regardant ainsi la terrible peur en face, elle commence déjà à se dégonfler. N’oublions pas d’évoquer que la meilleure façon de la goinfrer, serait de la refouler.  

Tournons maintenant le regard vers la main droite et accueillons la polarité opposée. Se présente à moi d’abord la confiance. Pas une confiance en moi qui se révèle illusoire, puisque extérieure et construite à partir d’une image de moi erronée. Cette dernière est le fruit de jugements, d’interprétations, de comparaisons et de projections. Je ressens une profonde confiance intérieure qui a sa source dans le grand courant de VIE, générant tel une fontaine de vie, aisance et abondance. Un agréable apaisement advient en moi et dissout la tension générée auparavant par la crainte.

Dans ce processus alchimique, j’œuvre en accord avec la Loi des polarités, ce qui me permet de métamorphoser la peur de manquer en confiance dans l’abondance de vie. Certes, il est indispensable que, par la suite, je maintienne mon attention fermement focalisée sur l’aisance et l’abondance, me rappelant toujours qu’une pensée d’abondance créera l’abondance, mais qu’une pensée de peur à son tour créera la peur, agissant ainsi en accord avec la Loi de résonance (nommée aussi Loi de l’attraction). Sans oublier le fameux balancier qui revient vers la peur, au cas où je suivrais son mouvement et abandonnerais ma focalisation sur l’abondance et l’aisance.*

Dans l’arène de l’ego, je combats la vie tel un taureau aveuglé par la colère, croyant en des lois (in)humaines et arbitraires. Dans les sphères du cœur, je suis et agis en accord avec les grandes lois, me laissant traverser par leur puissance et leur vérité.


Je continue mes expérimentations alchimiques pour transmuter les jugements, les interprétations, les suppositions et les projections.

Dans ma socialisation durant ma tendre enfance et mon adolescence, j’ai été conditionné à utiliser mon mental (intellectuel) à partir de la conscience séparée et limitée de l’ego. J’ai appris à interpréter constamment les événements (extérieurs) au lieu de les accueillir en simple observateur, un peu comme un scientifique. Ces interprétations ont progressivement établi des filtres à travers lesquels je vois le monde. Il va sans dire qu’il s’agit d’un monde qui n’est rien d’autre que le résultat de ce que je vois à travers mes lunettes d’interprétation, lesquelles voilent la réalité et génèrent de nombreuses réalités chimériques. Puisque ce processus se passe dans la plupart du temps dans l’ombre de l’inconscient et sur une longue durée, je finis par m’identifier à ces réalités illusoires et les prends, au sommet de l’illusionnisme, pour mes vérités. 


Tu ne peux reconnaître la vérité que dans le silence intérieur. Le bruit du monde extérieur ne te révèle qu’illusion.


On m’a également appris avec acharnement à émettre en permanence des jugements. Comme la majorité des enfants tendres, j’ai pu expérimenter le fait de recevoir quotidiennement de nombreux jugements négatifs et limitatifs. Les adultes se montraient d’une générosité sans équivoque dans ce domaine ! Ainsi, je connaissais mes soi- disant défauts du bout de mes doigts et la liste de tous les interdits dépassaient de loin mes multiples élans d’explorer la vie. Toute cette négativité généreuse finissait par ébrécher la confiance même d’un tendre enfant costaud et par ternir son fervent élan d’explorateur de vie, l’enfermant dans les limitations d’un moule prévu pour être normal. Lorsque je ne me montrais pas suffisamment malléable pour être un moule sage, la punition ne se faisait pas attendre et tombait souvent à pic pour que je ne prenne pas trop goût à une liberté qui dépasse le pénitencier de la norme. Malgré toutes ces tentatives de couper mes ailes, je me suis envolé vers mes espaces de libertés qui se trouvaient, entre autres, dans la nature des montagnes, dans mes rêves (éveillés) et mon monde imaginaire et subtil – une sorte de théâtre de l’espoir au-delà du théâtre de l’ordinaire que la normalité mettait en scène. 

Accueillir l’autre avec bienveillance tel qu’il/elle est me libère des jugements que je pourrais porter sur une personne et ses actes. Cela ouvre le champ à la rencontre, permet à l’autre et à moi-même de s’ouvrir et d’entrer, si tel est l’élan, dans un mouvement d’union entre les deux êtres. 

Accueillir un événement tel quel, sans interprétation, me libère d’abord du drame. Car d’une interprétation négative que je me fais d’un événement, émane une émotion dramatique telle que la colère, la frustration ou bien d’autres. L’émotion brouille immédiatement le champ de ma perception et voile mon esprit d’un épais brouillard. Le fameux duo de choc ‘interprétation et émotion’ est l’ingrédient principal d’une vie plongée dans le drame. Au lieu d’interpréter l’événement, je me demande ce qu’il m’apprend et en quoi il me permet d’évoluer. Souvent, c’est une invitation à transmuter quelque chose, à me libérer d’un blocage, d’un conflit, d’un traumatisme qui somnolaient dans l’ombre de mon inconscient. Ce n’est pas nécessairement confortable lorsqu’un vécu ‘secouant’ se présente, mais combien libérateur pour mes mémoires discordantes. Quel allègement pour mon être qui peut ainsi avancer vers un horizon de joie et de paix en me libérant du fardeau karmique. 


Tu es invité à discerner constamment l’illusion de la vérité. Le véritable discernement opère depuis le cœur et perçoit l’état vibratoire de quelque chose. L’illusion a une fréquence vibratoire basse, la vérité vibre haut.


Au lieu de faire une supposition, je clarifie. Nous avons sagement appris à remplir un manque de clarté par une supposition qui se révèle erronée dans la grande majorité des cas. En plus, elle recèle un fort potentiel de conflit. Il s’agit donc de clarifier en posant les bonnes questions, au lieu de projeter le sous-entendu de ma supposition sur l’autre. Combien de fois suis-je amené à tenir fermement les rênes quand mon mental se précipite dans une supposition qui tente de combler un vide d’information!

Il semble évident que le trio ‘interprétation, supposition et jugement’ est un fertile générateur de fausses réalités. Afin de compléter cette tromperie, ajoutons à ce brillant trio leur amie intime, ‘la projection’. Il s’agit de la perfide stratégie de projeter mon propre vécu sur l’autre au lieu de l’accueillir en moi. C’est tellement plus simple d’accuser l’autre ou de lui reprocher quelque chose, plutôt que d’accueillir mon propre vécu et de le communiquer. La projection m’amène à parler dans le fameux ‘tu’ qui tue, tandis qu’en m’écoutant moi-même, je parle en termes de ‘je’. Le ‘tu’ me coupe de moi, le ‘je’ me relie à moi.

Combien de tort ai-je causé aux autres par mes jugements et mes projections !? Combien de mal me suis-je infligé avec mes interprétations et mes émotions négatives !? Pourquoi ne pas m’amuser à compter le nombre de jugements que j’émets tout au long d’une journée ! 

Toutes ces stratégies que le mental a mises en place et qui m’ont progressivement éloigné de moi-même ont une source commune : les blessures de l’ego. L’ego a appris à agir à partir de ses blessures. Tant que je suis dans la réaction, je sais que c’est mon ego blessé qui parle. 


*Je ne développerai pas ici davantage les lois cosmiques, car je l’ai fait dans un ouvrage uniquement dédié à cela, mais qui est à ce jour disponible en allemand seulement.

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