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De l’ego à la re-connaissance du Soi
L’un des plus grands problèmes de l’être humain d’aujourd’hui est son manque d’estime de soi. Sa confiance est alors sensiblement fragilisée. À l’origine de cela, il y a le fait qu’il ne sait ni qui il est, ni qu’il s’est construit sa vie sur la base d’une fausse identité.
Une fois que le soi extérieur, appelé également l’ego, s’est révélé à moi comme une illusion, a commencé la quête du Soi véritable.
Comme toi peut-être, j’ai pris conscience que le soi extérieur n’était que le fruit de facteurs extérieurs qui n’avaient rien à voir avec mon être vrai. J’étais comme un spectateur dans un cinéma, qui s’était tellement identifié à ce qui se passait sur l’écran, qu’il prenait cela pour la réalité. Cela te semble absurde, je sais, mais je t’assure que j’ai vraiment passé par cette confusion énorme. Sur l’écran, je voyais le reflet de toutes les interprétations que je me faisais des événements et les jugements que j’y portais. Il y avait aussi toutes les interprétations et jugements que mon entourage portait sur moi. Ne parlons même pas des nombreuses projections que je faisais sur les autres au lieu d’accueillir et d’exprimer ce qui était vivant en moi et, bien sûr, les projections des autres dirigées à l’encontre de moi. Combien d’étiquettes avais-je reçues et ai-je distribuées généreusement à autrui ! Combien de croyances m’a-t-on insufflées et que j’ai prises inconsciemment pour les miennes ! Quel méli-mélo confus que je prenais tant au sérieux que je m’y identifiais tout en affirmant bec et ongles que c’était la réalité, voire ma vérité. Ça te fait rire, je vois, mais pour moi c’était (un jeu) sérieux, au point où je n’arrêtais pas de créer des circonstances et d’inviter d’autres personnes à jouer des drames sérieux sur l’écran qui me faisaient souffrir. Tu objectes : « Ça t’a permis d’apprendre. » Je te l’accorde, mais à quel prix! Pendant des éons, j’avais la tête tellement dans l’écran, que je devenais l’écran-même avec les films que je me faisais et que j’appelais obstinément ma vie. C’est vrai, ces histoires dans mon cinéma me renforçaient progressivement, je devrais dire: renforçaient mon ego, et le héros que je jouais dans mon propre cinéma évoluait peu à peu de la victime (faible) vers un ego de plus en plus affirmé, au point qu’il osait devenir rebelle et mettre en question ce cinéma.
Prenant du recul, l’ego a pu observer que le film, qu’il considérait comme sa réalité, s’inscrivait dans un plus grand film sur un écran bien plus grand encore sur lequel des milliards d’autres films étaient projetés. Il s’est rendu compte que tous ces acteurs et actrices qui se prenaient pour les grands héros de leurs propres films dramatiques, n’étaient en réalité que des figurants dans un film grand public où tout le monde ne faisait que jouer un rôle d’acteur de pacotille dans le grand drame projeté sur l’écran du monde.
Même si, à l’époque, tu m’avais rendu attentif à mon jeu fictif, j’aurais refusé mordicus d’y croire, tellement je jouais obstinément mon rôle de somnambule dans l’ivresse d’un monde fictif.
Cependant, ayant mis en scène des expériences dramatiques, je me suis donné moi-même les claques qui m’ont réveillé du rôle que mon soi extérieur jouait sur l’écran du cinéma mondial. Cela a progressivement détaché mon regard fixé sur l’écran que je prenais pour la vie. C’est à ce moment-là que j’ai aperçu le projecteur projetant tous les films sur le gigantesque écran que j’appelais la vie.
Ma conscience s’est alors éveillée face au jeu illusoire d’un monde fictif mis en scène quotidiennement dans la conscience de masse. Peu après, j’ai découvert qu’il y avait, dans la salle de cinéma, des portes qui devaient mener quelque part ailleurs. J’ai mis un certain temps pour oser me lever de mon fauteuil de cinéma, abandonnant mon petit confort, pour scruter où menaient ces portes. Inconsciemment, je craignais les regards désapprobateurs des autres spectateurs. En me levant discrètement, je m’aperçus qu’ils étaient tellement captivés par le thriller de la vie sur l’écran, qu’ils ne se rendaient absolument pas compte de ce qui se passait hors écran. Je pus donc me lever de manière inaperçue et me diriger vers une porte qui me conduise hors du cinéma.
Alors quelle révélation, quel spectacle s’offrait à mes yeux tant habitués à la noirceur du cinéma obscur ! J’étais ébloui par la lumière radieuse de la nature véritable de la vie. Quel émerveillement lorsque j’ai découvert les nuances subtiles et les multiples couleurs de la vie dans la lumière ! Mon regard pouvait vagabonder en toute liberté, se poser où il en avait l’envie, contempler la beauté d’une fleur ou suivre le cours d’eau d’un ruisseau. À ma guise, je pouvais écouter le chant d’un oiseau ou m’appuyer contre un arbre en m’abreuvant de sa sagesse de vie. Mes sens n’étaient plus captivés – devrais-je dire en captivité – par les scénarios dramatiques de l’écran ou par le bruit assourdissant de la bande sonore. Enfin, je pouvais savourer le silence et le calme de la grande vie !
Que veux-tu désirer de plus lorsque tu t’es trouvé toi-même ?
A quoi bon parcourir sans cesse le monde à la recherche de reconnaissance et de satisfactions, lorsque tu es arrivé dans le bonheur de chez toi ?
Une succession de prises de conscience enlevait une par une les écailles de mes yeux qui cachaient la vision de la conscience éclairée. Il y en avait tant que je serais incapable de toutes les énumérer ici. Tout compte fait, il s’est révélé à moi que, jusqu’ici, j’étais enfermé dans l’illusion d’un monde qui me gardait prisonnier dans les ténèbres de l’inconscient et de l’ignorance. En outre, je me suis aperçu que la vie projetée dans le cinéma reflétait littéralement un monde à l’envers.
Le chemin vers toi-même te conduit à l’intérieur de toi, dans l’espace sacré du Cœur. Seule la vérité et l’amour sauront t’y guider.
J’ai commencé à explorer un nouveau monde qui, en réalité, a toujours été là, mais invisible à mon regard fixé sur l’écran de vie illusoire.
C’est comme si j’entamais un chemin d’ascension vers des hauteurs montagneuses. Contrairement à la vie léthargique de petit confort dans le fauteuil de cinéma, j’étais amené à devenir l’acteur et le créateur actif de ma vie. Gravir les hauteurs d’une nouvelle conscience demandait un effort que je n’avais pas l’habitude de fournir dans ma vie de patachon où je consommais sans conscience, ce qui me consumait lentement mais sûrement.
La première étape de mon chemin d’ascension – qui est un chemin d’éveil – me conduisit à me libérer des disharmonies émotionnelles, des mensonges et des croyances limitantes que j’avais absorbées ou que je m’étais créées moi-même dans ma vie de cinéma: soit, revenir à la pureté de mon être véritable en retrouvant la candeur de l’enfant. J’enlevai une par une les pierres qui alourdissaient le sac à dos du randonneur de vie. Combien j’ai ressenti la lourdeur de ce sac en gravissant le sentier qui serpentait le flanc de montagne, alors qu’avachi dans le fauteuil de cinéma, je ne m’en étais même pas aperçu. L’effort supplémentaire de porter ce fardeau me stimula considérablement pour m’en libérer.
Sur le chemin, au croisement suivant, j’ai alors déchiffré sur le poteau indicateur l’inscription « vérité » . C’est bel et bien elle qui est devenu mon (seul) guide fiable sur mon sentier !
Au début, puisque j’avais encore à faire dans la vie de cinéma, je gravissais le sentier de montagne pour ensuite redescendre dans la salle obscure. Alors, je commettais l’erreur de me ré-accorder à la note de l’ego qui régnait dans le cinéma, ce qui faisait dégringoler ma fréquence vibratoire. Tout ce que j’avais pu acquérir sur les plus grandes hauteurs semblait être anéanti en un rien du tout. Ces aller-retours me demandaient beaucoup de force et constituaient un gaspillage d’énergie énorme. Plus tard, conscient de ce mécanisme, je m’exerçai , lorsque j’étais amené à retourner dans le monde illusoire, à maintenir les hauteurs de mon état de conscience atteint lors de mon ascension.
Ton parcours d’évolution t’amène à gravir les échelons sur l’échelle vibratoire et te conduit dans des fréquences plus élevées. Ainsi, tu t’extrais de la conscience de masse qui t’a enchaîné pendant si longtemps. Ta conscience s’expand, ton champ de perception et de discernement s’ouvrent à des réalités toujours plus vastes.
Tu peux imaginer le contraste qui commençait à se creuser entre la vue vaste et imprenable dont je jouissais sur les hauteurs de la montagne et la vision étriquée dans les salles de projections obscures. Avec le recul, j’ai constaté que les scénarios de réalités sur les écrans tournaient en boucle et que leurs acteurs étaient enfermés dans leurs rôles dramatiques de victime-persécuteur-sauveur qu’ils jouaient inlassablement, dans toutes les variations possibles, avec toujours les mêmes ingrédients dans leurs films pouvoir (moyennant l’argent), sexe (animal) et crime. Certes, ces ingrédients étaient mis en scène de sorte à captiver – ou devrais-je dire à maintenir en captivité – les sens des humains enfermés dans les salles obscures. Ainsi, les sens et la conscience des humains étaient enchaînés dans des jeux de rôles stériles et sans créativité.
Lorsque je retournais dans les salles obscures, je m’exerçai à ramener la conscience et la magnificence des vues lointaines. Je rayonnai une des nombreuses qualités qui scintillait dans les hauteurs ou prononçai des mots susceptibles d’éveiller et de libérer un esprit enchaîné. Je ne m’identifiais plus aux vécus cinématographiques et pris un rôle d’acteur-observateur qui ne se prêtait plus au jeu. Plus mes vécus de la montagne activaient la flamme d’amour et de vie dans mon cœur, moins je perdais ma note lorsque je retournais au cinéma obscur. Tel un musicien, je ré-accordais mon instrument, sans m’en vouloir, quand il perdait momentanément la note.
Dans les hauteurs des montagnes, j’ai exploré des champs de conscience de plus en plus vastes avec des réalités richement colorées en vivant davantage l’instant présent. Ramené ainsi à la plénitude de vie, les films avec ses scénarios stéréotypés me lassaient au point où je ne trouvais plus aucun intérêt à cette vie d’écran maussade.
Je ne cache pas que sur le chemin de sortie, plusieurs pièges m’ont été tendus avec le but de m’empêcher de m’échapper de la prison. Lorsque tu entames le chemin vers la liberté, fais-le avec courage, détermination et vigilance. Et pourquoi ne pas cheminer avec d’autres amateurs de liberté et de vérité ?
Lorsque tu as des pensées de paix, rencontre autrui avec amour, parle vrai, agis avec droiture et accueille tout être vivant avec bienveillance, le bonheur te sourit dans toute sa splendeur.
Lorsque tu as des pensées de paix, tu rencontres autrui avec amour, tu parles vrai, tu agis avec droiture et tu accueilles tout être vivant avec bienveillance, le bonheur te sourit dans toute sa splendeur.